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Histoire de cliché ( numéro 1 )

Cette photo a une valeur particulière pour moi parce qu’elle représente ma première photo animale.




La prise de ce cliché a eu lieu à Ingólfshöfði, une réserve naturelle privée dans le sud de l’Islande. Ingólfshöfði ou "la résidence d'Ingolfr " est le l'endroit supposé de l'arrivée d'Ingolfr Arnarson le premier colon permanent débarqué avec sa famille au IXème siècle. 25 minutes de trajet dans une charrette tractée par un tracteur et 6 km d'eaux, de marais et de sable noir plus tard, nous rejoignons un petit îlot entouré de vases. Il est constitué d’une pente de sable sur la face nord par laquelle nous arrivons. Une ambiance particulièrement sombre et volcanique s’en dégage. Tout le reste de ce bout de terre est constitué de falaises formant un cap ou promontoire de 75 m de hauteur environ. On y trouve également un phare. C'est sur ces hauteurs que nichent les macareux, sternes arctiques, fulmars, grands labbes et de nombreuses autres espèces d’oiseaux.



Le macareux moine est un oiseau qu’on appelle pélagique c’est-à-dire un oiseau de haute mer. L’Islande abrite environ 60% de la population mondiale de macareux soit plus de 6 millions d’individus ( source « Guide To Iceland »). Les pattes palmées du macareux sont rouges en été puis virent au jaune en hiver. Le bec, très caractéristique, est rouge à la pointe alors que la base est bleu foncé entouré de jaune. Hors période nuptiale, le bec est plus sombre et plus petit car il perd ses plaques ornementales. Le plumage et les couleurs sont si différentes en période nuptiale et en période internuptiale que l'on croyait autrefois qu'il s'agissait de deux espèces différentes.


Après une petite marche sur une pente abrupte, puis le long de ces falaises, nous arrivons sur la face sud de l’îlot où nichent des milliers d'oiseaux. C'est le domaine des macareux. Le terrain étant privé, un guide certifié est obligatoirement présent. Ce sont des locaux qui vivent à la ferme d’Hofsnes juste à côté de la réserve naturelle d’Ingólfshöfði. Entre le trajet et la marche, c’est déjà une belle expérience! Le temps est très couvert, sombre et il pleut. J'adore ce temps et je suis également satisfait car je sais que, par mauvais temps, la plupart des macareux restent sur les falaises. Si le temps est trop beau, trop ensoleillé, il devient difficile de les voir car ils sont partis au large pêcher.



Les macareux sont peu farouches et curieux et nous pouvons les approcher d’assez près. Avant de choisir mon sujet, j'observe un moment le ballet incessant des oiseaux qui arrivent et repartent. La scène fourmille de mouvements permanents qui viennent perturber mon champ de vision. Je m'amuse de l'oiseau qui marche d'une manière comique et malhabile en dodelinant de la tête. Mon zoom 100-400 mm déjà prêt sur mon appareil, je me couche à ras du sol pour photographier le petit oiseau (60 cm pour un poids de 500 gr environ). Je me place de cette manière pour avoir un beau flou au niveau du sol et des herbes et également un bel espace de vide derrière l’oiseau . Je crée ainsi ce qu’on appelle un bokeh ou flou artistique. Je règle donc mon zoom à la plus petite ouverture possible (f 5.6). Je souhaite photographier le profil du macareux. Je commence à « shooter » quand un macareux se retourne vers moi le bec plein de poissons fraîchement pêchés. Il les conserve puis les transporte d'une manière très caractéristique, coincés transversalement dans son bec. L'oiseau m'a-t-il vu et va-t-il s’envoler ? J'ai presque l'impression que c'est moi qu'il regarde, qu'il n'est qu'à quelques centimètres et que je pourrais le toucher. C'est la magie du zoom et mon émotion est intense. Je sais que l'instant est fugace, aussi, je continue ma rafale et réussis donc à avoir ce joli cliché qui restera dans mes souvenirs: la rencontre avec cet oiseau et la découverte de ce lieu unique qu'est Ingólfshöfði.


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